Krausisme juridique et politique en Europe. Droit et politique au service de l’idéal de l’Humanité

 

11 et 12 mars 2021 
 
  -suite à des nouvelles restrictions à la MSH de Dijon, avec une jauge dans l’amphithèâtre de 6 personnes,
la participation au colloque est desormais limité au distanciel
 
 

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Sous la direction d’Oscar Ferreira, MCF en histoire du droit à l’université de Bourgogne
 
Méconnu en France, le philosophe du droit Karl Christian Friedrich Krause (1781-1832) eut une descendance intellectuelle riche. Cultivée autant par des politiques libéraux soucieux de résoudre la « question sociale », que par des juristes intéressés par ses thèses organicistes et tutélaires, sa pensée connut un réel essor en Europe grâce aux travaux de vulgarisation de ses élèves, dont plusieurs deviendront professeurs : Heinrich Ahrens, Karl Röder, Théodore Schliephake et Hermann Karl von Leonardi.
 
En quelques mots, la philosophie krausiste se présente comme un spiritualisme rationaliste et humaniste, articulé autour de deux postulats de départ. Le « panenthéisme », d’une part, sorte de conciliation entre panthéisme et théisme, c’est-à-dire entre conceptions transcendante et immanente de Dieu, ce dernier contenant le monde sans se confondre avec lui. La vision d’une humanité formant un grand organisme vivant, d’autre part, qui comprend diverses unités sociales reliées entre elles de façon harmonique, dans l’idée de développer l’homme en lui permettant d’atteindre ses buts (vertu, beauté, droit, religion, science, art et éducation).

Afin de permettre à l’homme d’accéder à sa « pure et complète humanité », le versant politique du krausisme porta un vaste programme éducatif et progressiste (quoique profondément hostile au positivisme et au matérialisme), inséré au sein d’un libéralisme solidaire et d’une démocratie organique. Cette dernière est bâtie sur un système représentatif dualiste offrant une chambre spécifique à la représentation des intérêts sociaux, que d’aucuns pourraient voir comme une préfiguration des chambres corporatives. Le propos vise à rassembler les hommes autour de leurs objectifs communs via un ensemble harmonieux d’associations générales et spéciales, faisant ainsi cesser toute concurrence inutile et nuisible entre eux. La synergie associative autorisera ainsi la formation d’une « Alliance de l’Humanité », fédération ultime couronnant toutes les associations ; elle initiera, du même coup, le troisième âge de l’histoire humaine dégagé par Krause : celui de l’harmonie.

Dans l’optique de garantir le triomphe de ce troisième âge, le versant juridique du krausisme opta pour une refonte de la théorie de l’État, vu comme une association destinée à promouvoir et à réaliser le droit. Le droit étant le principe qui régit tous les rapports entre les sphères sociales dans lesquelles vit l’humanité, son régulateur autrement dit, l’État s’érige ainsi en un vaste pouvoir régulateur et conservateur de l’ordre social : il promeut et diffuse le droit et les valeurs culturelles qu’il porte en lui, toujours dans l’idée de mener chaque être humain vers son plein épanouissement. Les applications en furent nombreuses ; et si l’on retient surtout l’abolition de la peine de mort en 1867 par les Portugais convertis au krausisme, il convient aussi de mentionner l’avant-gardisme des krausistes sur des thèmes comme l’écologie et les droits de la femme.   

Ce colloque cherche à combler une lacune en France, où aucune synthèse n’existe. Nous proposerons ainsi un panorama des krausismes juridique et politique, limité à son berceau européen, mais ayant toutefois pour ambition de dévoiler et d’explorer les pistes de recherches en France.   

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Gauguin, D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, 1898

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